CHRONIQUES DE VENDÉE (18) CAMPING PARADIS

A mon lever, le soleil était encore présent et je suis allé, à vélo, au bar-tabac. Le bar-tabac vend quelques journaux, pour dépanner (Ouest-France, Paris-Match, Voici, Télé 7 jours) et pas mal de magazines de mots croisés ou fléchés ou autres sudokus... de ceux qui aident à lutter contre l’ennui et alzheimer. Les journées sont longues et la population à dominante “âgée” en cette période de l’année. Le bar-tabac fait aussi Hôtel et restaurant. Il faut cumuler et être polyvalent pour s’en sortir, m’expliqua un jour la patronne. Cet endroit n’a rien de rutilant mais les gens sont sympas et ça convient aux ouvriers qui ont des chantiers dans le coin. Elle m’explique que des sociétés genre ERDF ou Travaux publics louent les chambres à la semaine pour leurs gars qu’ils envoient en mission. C’est ce qui nous sauve. J’ai eu beaucoup de monde après Xynthia... conclue-t-elle. Le touriste préfère la chambre d’hôte ou le camping avec bungalow. Sur notre commune il y en a 4 qui accueillent, en saison, plus de 4000 personnes. Maximum sur trois mois, le reste de l’année c’est vide ! Alors que dans d’autres coins de France, principalement en périphérie des zones urbaines et industrielles, “La Loi Léonard permettrait d’interdire aux habitants stables de rester plus de trois mois dans un camping s’ils ne sont pas en mesure de justifier d’un domicile fixe.” La loi Léonard propose de développer le tourisme en expulsant ou en interdisant celles et ceux qui ne peuvent même plus se permettre d’avoir un logement et qui se sont réfugiés dans un terrain de camping, victimes de la précarité. Aujourd’hui, environ 70 000 personnes vivent à l’année sur des terrains de camping. “La très grosse majorité de ces occupants sont des personnes qui subissent le manque de réponse concrète en matière de logement par nos responsables politiques, victimes de la précarité du marché de l’emploi.” (se reporter sur le site droit au logement) En France les loyers ont augmenté deux fois plus vite que les salaires. 10 millions de personnes sont mal logées. L’envolée des loyers et des prix immobiliers a rendu l’accès au logement de plus en plus difficile, avec des coûts qui grèvent fortement le pouvoir d’achat des locataires. L’autre face de cette réalité, c’est que le logement cher engendre des profits croissants, notamment du côté des bailleurs. Depuis une trentaine d’années, la part des profits immobiliers a augmenté, celle revenant aux ménages ayant, au contraire, diminué. Cette envolée des revenus immobiliers n’est pas due au développement du volume des activités immobilières. La croissance des profits, dans cette branche, a été l’envolée des prix des loyers et de l’immobilier. La part du logement représente, en moyenne, entre 40 et 50% du revenu des foyers. Après avoir acheté mes cigarettes et mon journal local, je m’installai au comptoir du bar-restaurant-hôtel-tabac-presse et commandai un café. La patronne vint me tenir compagnie pour me me brancher sur le 16ème de finale de Luçon en coupe de France (Luçon est à 10 km de notre village). Pensez donc, la seule équipe vendéenne qualifiée, et face à Lyon. Le maire est aux anges : “cela va bien au delà de Luçon...” A côté, dans le journal, il y avait Cantona et ses 500 signatures pour les mal logés. Comme quoi tout se recoupe, l’actualité est une bonne soupe réchauffée de football de millionnaires et de supporters mal logés. Les uns n’en voulant pas aux autres et inversement. Qui dit que le peuple pourrait se rebeller si on lui laisse le foot ? Petit commentaire des lyonnais qui pourrait s’appliquer à tout type de confrontation entre petits et grands, riches ou pauvres, président ou candidats : “L'Olympique lyonnais a été épargné par le tirage au sort des seizièmes de finale de la Coupe de France effectué dimanche soir. Les joueurs de Rémi Garde se déplaceront, le week-end du 21 et 22 janvier, en Vendée pour affronter Luçon, un pensionnaire de CFA. "C'est toujours compliqué d'affronter ce genre d'équipe, a déclaré Bernard Lacombe sur olweb.fr. Elle doit avoir des joueurs qui sont passés par des centres de formation qui voudront montrer qu'ils ont de la qualité. Se déplacer, c'est aussi embêtant." (Lyon Capital)