CHRONIQUE DE VENDÉE/LA FOIRE AU TRÔNE

C’est la période du grand n’importe quoi - la foire au trône des idées de baraques foraines ou de madame Irma - le cirque des propositions équilibristes et prestidigitatrices - le festival des effets de manche et des mises en scène des conseils en communication et en image ... Mais de quoi me parle-t-on vraiment - Qu’ouïs-je, qu’entends-je dans le poste ?, que me dit-on, à moi, tapi à l’ombre de mes pins dans le coin d'un village de 600 âmes, dont le quart est vraiment très proche de St Pierre. Que pourrais-je raconter à mes petits enfants sur notre engagement pour le futur, pour leur avenir et l’avenir de la planète. (“Ils ont voté... et puis après...”) Quand, par exemple, près d'une plante sauvage sur trois est menacée de disparition en Ile-de-France, essentiellement du fait de la Destruction des habitats naturels de la flore régionale (Muséum national d'Histoire naturelle). C’est l’extension des cités et l’évolution des pratiques agricoles vers des cultures intensives qui sont responsables de la disparition de certaines espèces (c’est pas grave, la plupart n’étaient pas comestibles...). Mais je ne voulais pas m’engager aujourd’hui sur cette voie “idéo-écologique” dont la bataille semble perdue d’avance (l’homme est un loup pour l’homme). Non, dans ce contexte de guignolades et autres saltimbanqueries politicardes je voulais juste rappeler la difficulté d’être au quotidien et comment se traduisent dans la vraie vie les gesticulations de pantins bouffis de suffisance et lorgnant sur un gros porte-feuille (au propre comme au figuré). CAR VIVRE EN FRANCE C’EST : (enfin, jusqu’au 21 décembre 2012, puisque 90% d’entre nous vont disparaître dans une apocalypse annoncée. Connerie ou pas, en attendant on continue...) - 8 à 9 millions de personnes touchées par la crise du logement, s'ajoutent 6 millions de personnes fragiles susceptibles de basculer à la moindre faiblesse. Les Français dépensent 23% de plus qu'il y a cinq ans pour se loger. (Voir ma chronique “Camping Paradis”) - Un niveau de vie moyen des Français de 19 080 euros annuels en France métropolitaine. Les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie annuel inférieur à 10 410 euros tandis que pour les 10 % les plus aisées, ce niveau est d'au moins 35 840 euros, soit 3,4 fois plus. 4,2 millions de personnes vivent avec moins de 950 euros par mois - et 4 millions avec moins de 773 euros par mois. (INSEE) - Un accès aux soins qui devient un luxe - et il y a de plus en plus d’exclus. Les plus démunis mais aussi les salariés issus des classes moyennes inférieures ont des difficultés parfois rédhibitoires pour se soigner. - Un déficit de l’assurance chômage de près de 2,5 milliards en 2011 et 1,8 milliard en 2012 assorti d'une dette de 11 milliards en 2011 et 12,8 milliards en 2012. Avec une hausse de 36 700 demandeurs d'emploi en 2011 et de 55 500 en 2012. (Chiffres officiels alors, en vrai...) - Un ministre de l'intérieur qui se félicite d'avoir dépassé son quota de reconduites à la frontière, réalisées, en 2011, sur le dos des Roms et des Tunisiens. Alors la hausse de la TVA, de la CSG, la flexibilité des salariés... Je remets ces tristes chiffres noir sur blanc car nous avons tous tendance à les oublier après les avoir entendus - brève diffusion dans les médias, ingurgitée entre la poire et le fromage - moi le premier. Et pourtant ma propre situation me remet les pieds sur terre : 30% des artistes sont au RSA (ce mois j’en ferai sans doute partie) ; la profession d’artiste est la seule qui ne soit pas consultée par les pouvoirs publics pour ce qui la concerne. 95% des artistes déclarés sont ignorés des dispositifs d’aide à la création, etc., “Pendant ce temps-là , l’État dépense des sommes pharamineuses dans des opérations de “rayonnement” de l’art français à l’international de type Force de l’art, Monumenta et autres opérations “d’irradiation planétaire de l’insondable crétinerie de l’art étatique néo-pompier directement branché sur les pompes et les tuyaux d’arrosage à subventions”… absolument contre-productives en termes d’image de l’art français.” (Nicole Esterolle) Je ne suis ni indigné ni anonymous, je suis en attente, avide de prouesses vitales, d’épanouissement, de paroles d’homme, de lois sur le droit à l’existence et au bonheur. Je ne veux pas du rêve. Je veux un peu d’espoir et une place “ma place” dans ce monde - une place qui n’implique pas que je sois un simple numéro dans les registres, une statistique dans les rapports, un nombre sur les listes électorales, un pourcentage dans un dépouillement. Nous sommes déjà dépouillés. Donnez-nous aujourd’’hui notre envie quotidienne de trouver du sens à nos gestes, à nos actions et à nos contributions sociales.